Chronique du Mercredi 13 juillet 2022

Le Moine Noir (Festival Off)

Intellectuel surmené, emporté par ses espoirs de liberté et de grandeur, Andreï Kovrine décide de prendre du repos à la campagne chez son vieil ami Péssôtski et sa fille Tania. Dans le jardin de la propriété, il voit apparaître le fantôme d'un moine qui hantera régulièrement son séjour jusqu'à le faire basculer dans la folie. Quand Kirill Serebrennikov adapte cette nouvelle fantastique, il se souvient qu'Anton Tchekhov dépeint des personnages pris dans « le cercle infernal » de vérités particulières. Rien de moins pour rétrécir leur champ de vision. Le metteur en scène se souvient également que le récit est composé d’une multitude de récits personnels qui se percutent et se tissent en un ensemble complexe : celui d’une vérité qu’aucun n’est capable de détenir seul. Un enjeu que l’artiste dissident traduit en montant la même histoire du point de vue de chacun des protagonistes et en multipliant les perspectives et points de fuites. Tous sont observés par Hécate, la déesse des lunes maléfiques qui hantent le plateau…

Médecin de formation, Anton Tchekhov (1860-1904) est le plus célèbre poète de la littérature russe. Il croit au progrès, au bonheur. Sa lucidité et le refus de toute illusion, sur l’homme, la société, ou la religion, ont irrigué ses œuvres mais ont aussi agi sur les renouvellements des conceptions théâtrales de son époque.

Le Moine noir, d’après Tchekhov, de Kirill Serebrennikov traduit par Daniel Loayza et Macha Zonina, suivi de la nouvelle originale traduite par Gabriel Arout, sont publiés aux éditions Actes Sud-Papiers

Le moine noir
Cour d'Honneur du Palais des Papes

Distribution

Avec Filipp Avdeev, Odin Biron, Bernd Grawert, Mirco Kreibich, Viktoria Miroschnichenko, Olga Pavliuk, Gabriela Maria Schmeide, Gurgen Tsaturyan
Et les chanteurs Genadijus Bergorulko (baryton), Pavel Gogadze (ténor) , Friedo Henken (baryton), Sergey Pisarev (ténor), Azamat Tsaliti (baryton), Alexander Tremmel (ténor), Vitalijs Stankevich (baryton)
Et les danseurs Tillmann Becker, Arseniy Gordeev, Andrey Ostapenko, Laran, Ilia Manylov, Andreï Petrushenkov, Ivan Sachkov, Daniel Vliek

Texte, mise en scène Kirill Serebrennikov
Scénographie Kirill Serebrennikov assisté de Olga Pavliuk
Collaboration à la mise en scène et chorégraphie Ivan Estegneev, Evgeny Kulagin
Musique Jēkabs Nīmanis
Direction musicale Uschi Krosch

Iphigenie (Festival In)

Depuis l’Antiquité, la malédiction qui frappe la famille des Atrides hante le théâtre occidental. Racine comme Euripide se sont penchés sur Agamemnon, ce père qui, pour convoquer les vents nécessaires afin de rallier Troie et gagner la guerre, fait avancer sa fille, Iphigénie vers la mort. Mais c’était sans compter sur Tiago Rodrigues qui n’aime rien moins que tordre les chefs-d’œuvre du répertoire pour en filtrer une dimension inconnue. Dans cette interprétation du mythe, le dramaturge lisboète se demande quelle pourrait être la destinée de la dernière-née de la lignée si les hommes – qui décident de son sort –n’étaient pas soumis à l’autorité des dieux ? Une approche de la jouissance du libre-arbitre qui a immédiatement séduit Anne Théron dont le travail explore souvent le cri intérieur des femmes qu’elle convoque dans d’exceptionnelles mises en scène faites de sensations aussi sonores que visuelles, plastiques que théâtrales. « Clytemnestre est un personnage gigantesque. Elle demande aux hommes de renoncer. (…) C’est une femme en colère fermement décidée à ce qu’Agamemnon soit responsable de son crime face à l’histoire. En ce sens, elle fabrique ainsi une autre mémoire de la tragédie pour nous qui la regardons aujourd’hui. C’est vertigineux ! »

Qu’il combine histoires vraies et fictions, qu’il revisite des classiques ou adapte des romans, Tiago Rodrigues est profondément marqué par la notion d’écriture faite avec et pour les acteurs. Tiago Rodrigues est l’auteur entre autres des pièces By Heart, Bovary, mais aussi d'Antoine et Cléopâtre et Sopro que les spectateurs du Festival d’Avignon ont découvertes en 2015 et 2017.

Iphigénie de Tiago Rodrigues, traduction Thomas Resendes, est publié aux éditions Les Solitaires Intempestifs dans le recueil Iphigénie, Agamemnon, Electre.     

Iphigenie
Grand Opéra Avignon

Distribution

Avec Carolina Amaral, Fanny Avram, João Cravo Cardoso, Alex Descas, Vincent Dissez, Mireille Herbstmeyer, Julie Moreau, Philippe Morier-Genoud, Richard Sammut

Texte Tiago Rodrigues
Traduction Thomas Resendes
Mise en scène Anne Théron
Collaboration chorégraphique Thierry Thieû Niang
Scénographie et costumes Barbara Kraft
Dramaturgie et assistanat à la mise en scène Thomas Resendes

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